Chefs-d’œuvre d’art non-figuratifs au cœur de la vente en salle
La vente automnale d’art canadien de Consignor présente une sélection impressionnante d’oeuvres abstraites d’artistes à travers le pays et à travers les époques. Les premières incursions dans l’abstraction au Canada ont eu lieu durant les années 1920 et 1930, bien qu’elles aient été sporadiques et incohérentes. Ces artistes, notamment Kathleen Munn, Bertram Brooker, Lawren Harris et Jock MacDonald, ont été fortement influencés par les mouvements artistiques européens, à savoir le cubisme, le surréalisme et le symbolisme. Un examen des œuvres abstraites qui feront partie de la vente de novembre de Consignor peut servir comme illustration historique de la façon dont l’abstraction est apparue et s’est développée à travers le Canada au cours des décennies qui ont suivi.
Durant les années 1940, Montréal a donné naissance aux Automatistes, le premier mouvement artistique « avant-garde » au Canada. Sous la direction de Paul-Émile Borduas, un groupe de jeunes artistes s’est rebellé contre leur province artistiquement conservatrice, ainsi que politiquement et religieusement répressive. Après la lecture de « Le Surréalisme et la peinture » d’André Breton en 1945, Jean-Paul Riopelle a décidé de rompre avec la tradition afin de poursuivre la peinture non-figurative. Au cours des deux prochaines années, le jeune artiste crée plusieurs aquarelles de petite taille et composées de lignes entrelacées, tel que Sans titre (1946), lot 6 dans la vente de novembre de Consignor. Ces oeuvres ont étées inspirées du surréalisme et des techniques d’écriture automatique de Breton.
Un autre membre des Automatistes, Marcelle Ferron a également été encouragée par Borduas à abandonner la peinture de paysage en faveur d’une abstraction plus radicale. De 1946 à 1953, Ferron préfère une technique de « sgraffito » : elle a appliqué plusieurs couches de pigments et gratté la surface avec un couteau à palette entre chaque application. Ce style personnel de Ferron est apparent dans les couches de peinture colorées de Sans titre (1949), lot 101 dans la vente aux enchères.
Au cours de la décennie suivante, l’abstraction s’est répandue à travers le Canada. Toronto a explosé en tant que centre d’art dans les années 1950, largement influencée par les expressionnistes abstraits de New York. Harold Town était membre fondateur du « Painters Eleven », un groupe d’artistes abstraits de Toronto qui ont exposé ensemble durant les années 1950. Les couleurs vivantes et les coups de pinceaux épais, comme illustrés dans Clandeboy Reprise (1959), lot 71, sont caractéristiques du style de Town, inspiré par le « New York School ».
L’artiste contemporain Michael Snow exposait du milieu à la fin des années 1950 au Greenwich Gallery à Toronto. Bien qu’aujourd’hui il est reconnu mondialement comme un pionnier de l’art conceptualiste et multimédia, le travail de Snow de ces années a également été fortement influencé par les artistes abstraits américains tels que De Kooning, Kline et Rothko. Off Minor (1958), le lot 25 dans la vente aux enchères de Consignor en novembre, démontre l’affiliation de Snow avec les mouvements abstraits d’avant-garde de l’époque, peu avant la création de ses célèbres « Walking Woman Works ».
Un groupe notable d’artistes abstraits canadiens s’est formé à Regina dans les années 1960, connu sous le nom de Regina Five. Ron Bloore, membre fondateur, a joué un rôle déterminant dans le lancement de l’École des beaux-arts d’Emma Lake afin de permettre aux artistes de rompre avec l’isolement qu’ils ressentaient dans les Prairies. En tant que professeur d’histoire de l’art et d’archéologie, l’influence des fouilles archéologiques et des civilisations anciennes a fait son chemin dans la peinture de Bloore. La palette monochrome de Untitled, lot 86, fait référence aux bâtiments et sculptures en marbre blanc de la Grèce antique et de la période classique.
Durant les sessions à Emma Lake tenus en 1962-1963, l’artiste de la Saskatchewan William Perehudoff a été présenté à « Post-Painterly Abstraction » par le critique d’art Clement Greenberg et l’artiste américain Kenneth Noland. Plusieures des grandes toiles horizontales de Perehudoff du milieu à la fin des années 1970 sont composées de bandes de couleurs vibrantes et parallèles, tel que AC-78-20, lot 11 dans la vente aux enchères. Dans les travaux de Perehudoff, la référence aux plaines et aux ciels ouverts de la Saskatchewan est souvent détectable – AC-78-20 peut évoquer un coucher de soleil dans les prairies.
Jack Shadbolt était une figure novatrice et dominante de la scène artistique de Vancouver à partir des années 1940. Shadbolt a tiré de nombreuses sources d’inspiration, y compris le cubisme, le surréalisme, le régionalisme américain et l’art de la côte du Nord-Ouest. L’artiste a rencontré Emily Carr en 1930 alors qu’il fréquentait Victoria College. Cette dernière a laissé une forte impression sur la vie et le travail de Shadbolt; ils ont tous deux été inspirés par l’unité spirituelle avec la nature qui se manifeste dans l’art de la côte du Nord-Ouest. Sea Edge 5 (1978), lot 9, sert comme exemple du travail audacieux et coloré de Jack Shadbolt de la fin des années 1970, et Contexts: Variations on Primavera Theme, lot 10, est l’une des quinze affiches peintes à la main avec le thème « primavera ». Ensemble, ces quinze affiches forment une murale.
La peinture abstraite au Canada a continué d’évoluer à travers une multitude d’approches dans les années 1970, 1980 et aujourd’hui. Lot 8, Rituel, de Léon Bellefleur, Lot 31, Spring Yellows – B de Gershon Iskowitz, et Lot 103, Les feuilles d’un astre de Jean-Paul Jérôme, parmi beaucoup d’autres œuvres d’art non-figuratives dans la vente automnale de Consignor, démontrent le développement de styles abstraits uniques dans l’ensemble du pays, du style « gestural » au « hard-edge ». Visitez notre galerie et consultez le catalogue complet sur le site internet de Consignor pour plus d’œuvres d’art et de détails concernant la vente automnale d’art canadien, laquelle se tiendra le 23 novembre au musée Gardiner.